Le président de la Transition Mamadi Doumbouya a récemment donné un délai de 18 mois aux entreprises privées pour qu’elles quittent la location et construisent leurs sièges sociaux, afin de contribuer au développement de la Guinée. Une décision acclamée par l’opinion publique, mais qui fait mouche dans les milieux d’affaires au regard des investissements à mobiliser dans un contexte socio-politique qualifié d’ « incertain ». Un motif qui, cependant, ne passe pas aux yeux des intellectuels.
Depuis l’annonce de Doumbouya, il ne passe pas un seul conseil des ministres sans que le sujet ne soit évoqué. Réunis en séance de travail vendredi 27 janvier sur ordre donné la veille par le nouvel homme fort de Conakry, le Premier ministre Bernard Gomou, les ministres en charge des Mines, des Postes et télécommunications, de l’Habitat, du Commerce, ainsi que le Gouverneur de la Banque centrale ont travaillé sur le processus d’attribution aux entreprises des domaines à l’intérieur du pays pour la construction de leurs quartiers généraux. A ce stade, il s’agit surtout des entreprises minières, qui ont déjà l’obligation depuis l’été dernier de présenter un plan de transformation locale des minerais extraits (bauxite, fer, or, diamant, carrière et métaux de base).
De manière générale, ces mesures du colonel Mamadi Doumbouya visant les investisseurs miniers et les sociétés privées sont populaires en Guinée, d’autant que certaines d’entre elles concernent des textes de loi jusque-là non respectés. « L’opinion publique salue ces directives. On le voit dans toutes les conversations entre professionnels ou entre citoyens », témoigne un notaire à Conakry, interrogé par LTA, qui conseille des sociétés minières et de logistique dans leur projet d’acquisition de terrains. « Les autorités sont en train de vouloir faciliter les processus d’acquisition. Ces entreprises ont véritablement la possibilité d’édifier des bâtiments flambant neufs dans des conditions architecturales et modernes qui pourront faire rayonner les zones qui les accueillent », commente ce natif de Boké qui regrette le bilan social après tant d’années d’exploitation minière. « Boké repose sur la bauxite. Mais la quinzaine de sociétés minières qui y extrait des minerais brasse des milliards sans vraiment contribuer au développement des localités. Certaines de ces entreprises fonctionnent en dehors sur circuit commercial local et produisent souvent ce qu’elles consomment. Les obliger à construire leur siège dans la ville, c’est aussi les amener à y délocaliser une partie de leur personnel, ce qui va nécessiter l’amélioration du cadre de vie. Au final tout le monde gagnerait ! ».