Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, a annoncé, le 21 février 2023, qu’il quittera le pouvoir à l’issue de la transition prévue pour fin 2024. A ce propos, voici ce qui ressort de sa déclaration ; « Nous allons organiser bien la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après– transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être. Nous ne passerons pas un jour de plus à l’issue des vingt-quatre mois de la transition. J’ai donné ma parole au peuple de Guinée ». Mon colonel, on vous prend au mot ! Nous saluons votre décision prise de passer le témoin à un pouvoir civil à l’issue de la transition. Toutefois, nous ne pouvons pas nous empêcher de rester prudents. D’autant que dans ce même pays, l’ex-général Lassana Conté, arrivé au pouvoir suite au décès de Sékou Touré, le père de l’indépendance guinéenne, avait fait la même promesse de céder le pouvoir aux civils après la transition qu’il dirigeait. On connaît la suite. Il a confisqué le pouvoir, a dirigé son pays d’une main de fer, et ce, plus de deux décennies durant, jusqu’à son décès. Il est vrai que le contexte n’est pas le même. De fait, cette sortie de Doumbouya intervient au lendemain du sommet extraordinaire de l’Union africaine et de la CEDEAO, tenue la semaine dernière à Addis-Abeba en Ethiopie.
On peut se demander si le dirigeant guinéen ne cherche pas à amadouer la communauté internationale
A l’issue de cette rencontre, les Chefs d’Etat membres de l’UA ont décidé de reconduire les sanctions contre la Guinée, sanctions prises aux premières heures du coup de force perpétré par Doumbouya. Toutes choses qui ne font qu’exercer la pression sur le pouvoir de transition de Guinée. A travers cette déclaration, on peut se demander si le dirigeant guinéen ne cherche pas à amadouer la communauté internationale dans l’espoir que celle-ci desserrera l’étau autour de lui. D’autant plus qu’au plan national, le jeune colonel, depuis sa prise du pouvoir, ne file pas le parfait amour avec les partis politiques et les organisations de la société civile dont certains leaders ont été embastillés. Ce qui lui complique la tâche et ne sert pas son image à l’extérieur. Cela dit, Doumbouya a fait un pas. L’Union africaine, la CEDEAO, les partenaires techniques et financiers doivent rester vigilants en maintenant la pression sur la junte afin que celle-ci respecte le chronogramme de la transition qui doit déboucher sur des élections libres, inclusives, démocratiques et transparentes. En tout cas, la transition guinéenne a encore du temps devant elle. On ose espérer que la nouvelle Constitution qui sera écrite, viendra renforcer l’unité, la cohésion, la paix et non diviser davantage la Guinée qui a déjà tant souffert.
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