En décembre dernier, le groupe Managem — contrôlé à 81,4 % par le holding royal al-Mada — annonçait sa volonté de racheter plusieurs projets aurifères en Afrique de l’Ouest et en particulier en Guinée. Si le pays a longtemps été marqué par l’orpaillage clandestin, le secteur se structure et s’organise grâce à certains entrepreneurs locaux, à l’instar de Tidiane Koita.
Il y a quelques mois, le groupe Managem reprenait les actifs de la société canadienne « Iamgold » pour 280 millions de dollars, faisant au passage l’acquisition de trois gisements d’or au Sénégal, au Mali, mais surtout, en Guinée.
Le pays est en effet devenu stratégique pour le déploiement de l’entreprise marocaine dans la région, et en particulier dans le secteur de l’or. L’usine guinéenne de Managem a déjà produit plus de trois tonnes d’or depuis son démarrage à fin 2021, soit 70 % de la production totale du précieux minerai du groupe casablancais. Et avec le rachat des actifs d’Iamgold, c’est tout le projet aurifère de Karita qui bascule dans l’escarcelle de l’entreprise marocaine, avec un permis d’exploration qui s’étend sur une surface de 100 kilomètres au nord-est de la Guinée.
Certes, Managem est déjà présent dans huit pays du continent en plus du Maroc et exploite 15 mines produisant cuivre, zinc, plomb, or, argent… Mais avec ces acquisitions en Guinée, Managem compte renforcer sa position de leader régional dans l’activité aurifère en Afrique et tente de consolider sa position de « top-performer » au sein de l’industrie minière africaine.
Tidiane Koita, l’union des orpailleurs de Guinée et la lutte contre l’orpaillage clandestin
La Guinée est le cinquième plus grand producteur d’or du continent : 8 à 10 tonnes sortent de terre chaque année, principalement des gisements situés dans le bassin du Haut-Niger, dans le nord-est du pays. Et les réserves minières de la Guinée, estimées à 700 tonnes d’or, suscitent la convoitise des groupes miniers.
Malheureusement, l’orpaillage « artisanal », pratiqué depuis des siècles dans le pays, a pris des proportions inédites au tournant des années 2000 : plus de deux cents sites d’orpaillages clandestins sont alors répertoriés et près de 150 000 mineurs et leurs familles travaillent sur place, en dehors de tout cadre légal et sans protection. Une « ruée vers l’or » anarchique et chaotique, qui a longtemps refroidi les ardeurs des groupes miniers étrangers et qui a freiné l’émergence de champions aurifères guinéens.
lutte contre l’orpaillage clandestin, et sur lequel mise désormais Managem.