Intervention militaire au Niger : la CEDEAO a fait une erreur stratégique dans sa démarche”, estime Aly Souleymane
La Guinée, le Burkina Faso et le Mali sont solidaires pour apporter leur soutien au putschiste, général Abdourahamane Tchiani au Niger. Ces trois pays en transition ont mis la CEDEAO en garde contre toute intervention militaire à Niamey. Aly Souleymane CAMARA, analyste politique, estime que cette position des juntes est d’autant justifiable, car “la CEDEAO a fait une erreur stratégique dans sa démarche en faisant appel à un autre putschiste qui est monsieur Mahamat Idriss Déby pour venir engager les pourparlers avec la junte militaire au niveau du Niger. Comment est-ce qu’on peut demander à un voleur de restituer le bien qu’il a volé au risque de porter plainte contre les voleurs ? En ce moment, celui qui a fait le coup d’État au Niger doit aujourd’hui prendre en compte de la gestion de sa transition. Parce que de ce côté, aussi, ce n’est pas reluisant. Vous avez les acteurs politiques qui sont contraints à l’exil, vous avez les médias qui sont aujourd’hui bâillonnés où on n’a pas la liberté d’expression.
L’autre aspect, c’est le recours à l’armée, est ce que la CEDEAO aujourd’hui, dispose les moyens financiers, les moyens maternels, les moyens logistiques, pour pouvoir rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Je pense que c’est non. Parce que ces pays-là traversent aujourd’hui une crise de restitution économique. Au niveau de la Côte d’Ivoire, au niveau du Nigeria qui sont les poumons de cette organisation”, explique-t-il.
Avec la perpétuité des Coups d’État en Afrique francophone, Aly Souleymane CAMARA, estime que les dispositions à prendre doivent être à quatre niveaux pour ne pas que l’Afrique perd son identité démocratique.
Les pays en transition militaire
Il faudrait que ces putschistes-là saisissent l’opportunité qui s’offre à eux. Les raisons qui sont évoquées en prenant le pouvoir n’est pas tout à fait dépourvues de sens. Il y a une part de vérité aujourd’hui où vous avez des régimes civils établis sur le contient, qui ont malmené les textes constitutionnels qu’ils ont eux même élaborés. Qui ont organisé des scrutins de façade où le président qui doit être élu, les nombres de voix est connu d’avance. Où vous avez la liberté de la presse qui est restreinte à tous les niveaux. Ou vous avez une corruption extraordinaire qui est engagée du sommet à la base de l’Etat. Et donc ces putschistes ont des raisons vraiment justifiables en prenant le pouvoir.
Le rôle de la CEDEAO
La CEDEAO doit cesser d’être complaisante à l’égard des juntes. Mais en le faisant, elle doit aussi être sincère envers elle-même. Parce qu’il y a des chefs d’Etat qui parlent au nom de la Cedeao, qui ne sont pas tout à fait légitime. Au niveau de la Côte d’Ivoire, monsieur Ouattara aujourd’hui, est en train de gérer un mandat controversé. Monsieur Umaro Sissoko Embalo a été élu dans un contexte de crise majeure, monsieur Ahmed Bola Tinubu est élu dans un contexte où l’opposition a boycotté le scrutin. Alors est ces chefs d’Etat peuvent parler au nom de l’institution et qu’ils soient écoutés ? Ce n’est pas seulement la tenue des élections qui doit être la préoccupation de la CEDEAO.
Les populations africaines
Il faudrait que nous cessions d’être la risée de tout le monde, il faudrait que nous cessions de quitter sous l’emprise de la France et d’aller se confier à la Russie. La Russie aussi est en train de mener les opérations qu’on pourrait critiquer au niveau de l’Ukraine. Il faudrait que l’Afrique commence par se prendre en charge et a montré aux autres quelle est très mature et qu’elle peut réfléchir sur ses modèles de gouvernances.
Les acteurs politiques
Dans nos pays respectifs, lorsqu’il y a coup d’État, c’est parce qu’il y a une crise politique. Une crise de confiance entre les politiques. En Guinée, vous avez les politiques dont la mission fondamentale est comment s’accrocher à un privilège lié à une nomination, lié à un poste, à titre nous avons des politiques qui sont différents de nos populations. Donc il faudrait que nous ayons des acteurs politiques qui font la politique par dévouement et non par carriérisme.
Alseny Dine CAMARA