Tribune : la Guinée et sa jeunesse (Jacques Kamano)

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Cet texte tente de jeter un regard banal sur quelques aspects de la réalité des jeunes de ma Guinée. Ce faisant, il n’a pas l’ambition de cerner tous les contours d’une question à la vérité vaste et complexe.

Peut-on affirmer aujourd’hui en Guinée que les jeunes sont le facteur le plus dynamique de la population ?

Ces jeunes constituent-ils véritablement le fer de lance de notre bled ? Ou bien formeraient-ils plutôt une force potentielle capable de s’investir dans les processus de transformation avenir?

En Guinée, faudrait-il parler des jeunesses, ou, simplement de jeunes?

Qu’y a-t-il de commun entre un jeune né à l’intérieurdu pays, scolarisé là-bas et un jeune né en ville ou en Europe et ayant été influencé par un mode culturel différent de celui de ses origines ?

Je ne voudrais pas multiplier ici davantage des questions. Mais, il est néanmoins évident qu’en Guinée, l’expression de la jeunesse renvoie à un univers hétérogène. Et, pour être plus percutant dans les débats de développement de notre pays, il serait judicieux qu’à l’intérieur de chaque catégorie que nous tenions compte des ramifications, que nous diversifions nos approches, nuancions nos affirmations, affinions nos considérations.

Il est important qu’en Guinée dans nos échanges avec la jeunesse d’avoir en référence toutes ces segmentations catégorielles. Car, des jeunesses de ce pays, se dégagent des attitudes, des désirs, des modes de vie, des besoins, des aspirations qui parfois convergent, se croisent, divergent, s’epousent, divorcent selon les moments, les conditions socio-économiques et de nombreux autres facteurs plus ou moins contingents.

Par conséquent, il va de soi qu’en Guinée, la jeunesse du fait de ce que je venais de décrire plus haut est fragmentée, que ces groupes fragmentés entretiennent certes entre eux des relations plus ou moins pacifiques, mais qu’il serait illusoire de vouloir penser de façon autoritaire univoque et facilement globalisante, que cette jeunesse forme une unité indissociables. Ces jeunes ne sont pas unis.

Ceci étant, il revient donc à l’autorité de comprendre que lorsqu’il a en face de lui une jeunesse aussi diversifiée, aussi percutante lorsqu’elle revendique, aussi intelligente, aussi ambitieuse, qu’il devra s’attendre à un niveau d’exigence et de demandes sociales inédites.

Une observation de la jeunesse nous amène à dire que pour l’essentiel et c’est la frange de segment de population la plus importante, ne se reconnaît pas dans le respect servile des aînés, la dictature de la pensée unique. Au contraire, elle présente ces faits ci-dessous cités comme des fléaux sociaux qu’elle se charge de dénoncer au quotidien, de travestir et de rire aux éclats.

La jeunesse aujourd’hui veut vivre l’ère de son temps fait de démocratie multipartite, de débats contradictoires, de la gestion optimale des ressources communales, de la participation à la gestion des affaires de la cité.

Et c’est tout à fait normal que cette jeunesse veut vivre ces aspirations. En effet, cette génération de jeunes, vit l’ère où la jeunesse enregistre malgré certaines insuffisances liées au système éducatif à le plus fort taux de scolarisation de son histoire récente, l’ouverture au monde qui s’est élargie à travers le flot d’informations qui circulent dans les réseaux sociaux, leur donnant la possibilité de réaliser des benchmarking, les possibilités de voyages pour l’Europe pour les études, le travail, le tourisme, les lectures.

Toutes ces expériences accumulées par ces jeunesses originaires de ma Guinée leur permettent de se mettre en évidence qu’ils peuvent mobiliser les populations autour de leur projet de démarche alternative.

Jacques Kamano, journaliste

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